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Cockerill-Sambre. De la fusion à la 'privatisation' 1981-1989

Courrier hebdomadaire n° 1253-1254,
par M. Capron, 66 p., 1989

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Référence : CH1253-1254


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L'annonce, le 16 janvier 1981, du projet de fusion entre les sociétés Cockerill à Liège et Hainaut-Sambre à Charleroi, souffrant d'importants déficits financiers, avait, en son temps, provoqué des réactions diverses dans les milieux politiques, économiques et sociaux des deux bassins sidérurgiques. Près de neuf ans plus tard, en septembre 1989, l'offre en souscription publique d'actions nouvelles de Cockerill Sambre suscite un engouement certain, consécutif au retour de Cockerill Sambre à la rentabilité après des années de bilans largement déficitaires. L'évolution qui a mené Cockerill Sambre en neuf ans d'une situation sinon de quasi-faillite du moins de grande précarité à un redressement financier mérite d'être analysée de plus près, en ses multiples composantes. Cockerill Sambre, ne l'oublions pas, constitue l'ultime maillon d'une longue chaîne de regroupements, de fusions, de fermetures d'outils, qui a marqué l'histoire de la sidérurgie wallonne depuis le milieu des années 50 (1). La crise mondiale de l'acier a frappé, dès la fin 1974, une sidérurgie wallonne où, sous l'impulsion des groupes Frère et Cobepa, s'opéraient des restructurations financières et d'importants investissements dans les sociétés du Triangle de Charleroi (2), tandis que Cockerill, à Liège, – dont une division, la Providence, était située à Charleroi – installée dans une routine de production bien établie, fournissait année après année d'appréciables dividendes à la Société générale de Belgique et au groupe Bruxelles Lambert. A l'époque, la sidérurgie wallonne souffrait d'importants handicaps la rendant particulièrement vulnérable à la crise sidérurgique : juxtaposition chaotique d'installations industrielles modernes et vétustes, production axée essentiellement sur des produits laminés peu élaborés (produits longs à Charleroi, produits plats à Liège), large dépendance à l'égard des marchés extérieurs (principalement la CEE), politique commerciale agressive mais peu structurée en réseaux commerciaux stables, investissements à moyen terme destinés à accroître les capacités de production, coûts de production (matières premières, énergie, salaires) élevés, multiplicité de conflits sociaux, carences de gestion, retards technologiques, etc. Dès 1975, les effets de la crise se sont marqués par la chute des prix et des ventes induisant d'importants déficits financiers qui ont amené les groupes privés à réclamer l'intervention des pouvoirs publics, après avoir longtemps ignoré le Comité de concertation de la politique sidérurgique (CCPS) (3). Les premiers jalons de la restructuration de la politique sidérurgique, posés par les deux Conférences nationales de l'acier (mars 1977 et mai 1978), marquaient aussi, apparemment, la fin de toute perspective de constitution d'une sidérurgie wallonne (4), après les accords d'Hanzinelle (mars 1978). Ces accords privilégiaient l'axe Arbed-Charleroi-Sidmar, au détriment de Cockerill et des sidérurgistes 'indépendants' (Forges de Clabecq, Boël). Le premier Plan Claes (novembre 1978), en même temps qu'il inaugurait l'entrée des pouvoirs publics dans le capital des entreprises sidérurgiques, replaçait le secteur de l'acier au centre d'antagonismes régionaux nés lors de la création de Sidmar en 1962. Préludant à la constitution de Cockerill Sambre, en juin 1981, le second Plan Claes (mai 1981) introduisit le principe du 'traitement équivalent' entre sidérurgies wallonne et flamande, qui sera le catalyseur des querelles régionales liées au financement de Cockerill Sambre. Le Plan Gandois adopté par le gouvernement Martens V en juillet 1983, s'il réussit à générer un compromis, n'a pas suffi néanmoins à endiguer la revendication de la régionalisation des secteurs nationaux. Celle-ci a finalement été consacrée par les lois d'août 1988 et de janvier 1989. Entre-temps, Cockerill Sambre a connu une trajectoire mouvementée, dont nous nous efforcerons de retracer les grands axes et de repérer les principales caractéristiques, sans prétendre aucunement à l'exhaustivité. Les plans de restructuration : les Plans Claes (novembre 1978, mai 1981), Vandestrick (1982), Gandois (1983), Levy (1986), se sont en effet succédés, avant de voir Cockerill Sambre connaître les prémices d'un retour à l'équilibre financier en 1988, retour soutenu par la conjoncture favorable du marché de l'acier. Nous nous attacherons à analyser et à évaluer la portée et les effets de ces différents plans sous les angles industriel, économico-financier et social. En 1988-89, c'est une nouvelle société Cockerill Sambre qui émerge : la structure industrielle est simplifiée, la production fournit pour l'essentiel des produits plats hautement élaborés, le réseau commercial est unifié, les filiales étrangères sont regroupées, l'endettement a diminué et les bénéfices sont de retour. Portée par une conjoncture sidérurgique favorable, Cockerill Sambre est redevenue une entreprise sidérurgique performante et le groupe Cockerill Sambre figure en bonne place parmi les conglomérats sidérurgiques européens. Le coût social et financier du redressement de Cockerill Sambre est, par ailleurs, particulièrement lourd. Faisant suite aux importantes pertes d'emplois intervenues depuis la fin 1974, on constate qu'en six ans, entre fin 1982 et fin 1988, le volume de l'emploi a chuté de 42%, passant de 22.940 à 13.287 sidérurgistes, l'objectif étant, de surcroît, d'occuper 10.000 personnes en 1990. Cette hémorragie d'emplois n'a été que très partiellement compensée par les initiatives de reconversion régionale appuyées à Liège par Meusinvest et à Charleroi par Sambrinvest. Les deux bassins sidérurgiques frappés par la crise n'ont pas connu, jusqu'à présent, de vague de créations d'entreprises permettant de remailler le tissu économique régional. D'autre part, au moment où Cockerill Sambre redevient accessible à l'actionnariat privé, l'on ne peut passer sous silence les dizaines de milliards de fonds publics engloutis dans le processus de sa restructuration. Une 'privatisation' du géant sidérurgique wallon pourrait sans doute, à terme, attirer les mêmes holdings privés qui avaient laissé le soin aux pouvoirs publics d'assumer seuls une restructuration sidérurgique particulièrement onéreuse... La question de fond reste dès lors posée : si Cockerill Sambre a retrouvé la santé, le coût financier et social de sa convalescence n'a-t-il pas été excessif ? (1) Cette histoire peut se lire dans celle des groupes industriels et financiers dominant le secteur et analysés par différentes publications du CRISP, allant de la Morphologie des groupes financiers (1962) au Répertoire permanent des groupes d'entreprises (à partir de 1979) en passant par le Répertoire permanent des groupes financiers et industriels. Les différentes opérations qui ont jalonné l'histoire de la sidérurgie belge sont analysées par M. INSTALLE, L'industrie sidérurgique en Belgique, Courrier hebdomadaire, CRISP, No 660-661 et 662, 15 et 22 novembre 1974, 45 et 32 (2) Voir M. INSTALLE, Restructurations dans l'industrie sidérurgique belge, Reflets et Perspectives de la vie économique, tome XVI, No 3, 1975, pp. 249-261. (3) Un exemple de cette attitude est évoqué par J.B. COURTOIS, La Société Générale, l'empire Cockerill et le CCPS, La Revue Nouvelle, novembre 1972, pp. 386-389. (4) Sidérurgie wallonne défendue par Y. DE WASSEIGE, Plaidoyer pour une sidérurgie wallonne, Wallonie 78, No 6, 1978, pp. 465-474 et, Nouveau plaidoyer pour une sidérurgie wallonne, Wallonie 81, No 1, pp. 3-9.
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