Depuis longtemps, l’exécution d’une peine privative de liberté (soit une peine de prison) peut faire l’objet de divers aménagements : libération conditionnelle, congé pénitentiaire, régime de surveillance électronique, etc. Jusqu’au début du 21e siècle, à l’exception de la libération conditionnelle, les décisions d’aménagement étaient dépourvues de base légale, ne reposant que sur des règlements administratifs. Et elles étaient prises, non par le pouvoir judiciaire, mais par le pouvoir exécutif (à savoir le ministre de la Justice et l’administration pénitentiaire).
En aboutissement d’un processus de réflexion ayant duré plus d’un siècle, les lois pénitentiaires des 12 janvier 2005 et 17 mai 2006 ont mis fin à cette situation, en procédant à une légalisation (restreinte) et à une judiciarisation (partielle) de l’exécution des peines. D’une part, ces lois ont constitué le socle d’un véritable droit pénitentiaire. D’autre part, elles ont transféré aux juges de l’application des peines (JAP) et aux tribunaux de l’application des peines (TAP) une partie de la compétence de décider de l’octroi de certaines modalités d’exécution des peines.
Cependant, aujourd’hui encore, la judiciarisation de l’exécution des peines privatives de liberté demeure une question controversée. En effet, la législation est régulièrement modifiée, voire contournée par des textes administratifs afin d’éviter le recours au juge de l’application des peines, notamment dans le cadre de l’aménagement des peines d’emprisonnement ne dépassant pas trois ans.
Ce Courrier hebdomadaire retrace l’évolution législative en matière d’exécution des peines privatives de liberté, en se centrant sur la judiciarisation. Il identifie les raisons historiques et politiques à l’origine de celle-ci, et s’intéresse aux facteurs qui ont empêché et empêchent toujours le processus d’aboutir pleinement.