Selon une opinion largement répandue, le « petit commerce » est menacé de disparition. Il serait victime de la grande distribution ou de l’accroissement du commerce électronique. Étant au cœur de préoccupations nombreuses et complexes, ces assertions méritent toutefois d’être questionnées.
Le présent Courrier hebdomadaire examine l’évolution du petit commerce en Belgique depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Sur la base d’une analyse chiffrée détaillée, J.-P. Grimmeau et B. Wayens livrent une étude fine de l’importance et des causes des phénomènes identifiés. L’approche combine divers critères permettant de juger de la vitalité du petit commerce : nombre de magasins, surface commerciale totale, emplois générés, chiffre d’affaires, importance par rapport aux autres formes de commerce, etc. L’éclairage tient compte des différents aspects de l’évolution de la consommation et de leurs conséquences (comportements d’achat, migrations de population, répartition spatiale du pouvoir d’achat, budget des ménages). L’analyse s’intéresse également à l’évolution du métier de petit commerçant, à l’e-commerce et au rôle potentiel d’autres acteurs importants (propriétaires, banques et pouvoirs publics). L’exposé est appuyé par une quarantaine de graphiques, cartes et tableaux.
Les conclusions mettent en cause de nombreuses idées reçues. Elles montrent ainsi que, si le nombre de petits commerces a fortement diminué en 70 ans, le secteur a paradoxalement connu une importante croissance en termes de chiffre d’affaires, de superficie et d’emploi. Les causes du déclin du petit commerce sont loin de se limiter à la seule influence des grandes surfaces, des centres commerciaux et des sites de vente par Internet ; elles résident dans une évolution globale de l’économie et des pratiques de consommation, qui s’inscrit dans le temps long.