Concertation et démocratie économique (1944-1978)

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, un vaste projet de démocratie économique et sociale complétant la démocratie politique voit le jour en Belgique. Il se concrétise par l’institutionnalisation d’une double forme de concertation : sociale, d’une part, et économique, d’autre part. La concertation sociale vise à associer les interlocuteurs sociaux aux décisions politiques prises en matière de relations collectives de travail. La concertation économique a pour objectif d’instaurer un mode de fonctionnement démocratique en matière économique : en permettant aux acteurs économiques de participer aux prises de décision (les patrons au niveau de la politique économique et les travailleurs au niveau de l’entreprise) et en orientant les décisions économiques vers l’intérêt général. Aujourd’hui, la concertation sociale est toujours d’actualité. En revanche, la concertation économique a quasiment disparu.

Le but du présent Courrier hebdomadaire est de retracer l’histoire, largement oubliée, de la démocratie économique et de ses réalisations institutionnelles. Quatre aspects de l’économie concertée sont analysés : le lien entre démocratie économique et démocratie politique, l’organisation démocratique de l’économie, la démocratisation de l’entreprise, l’encadrement démocratique de la politique économique. Pour tenter de caractériser le degré de consensus politique atteint sur ces différents aspects, sont étudiées les intentions du législateur, les vues des partis participant au pouvoir et les positions des interlocuteurs sociaux influençant la décision politique. Les facteurs du déclin de la concertation économique sont mis en évidence.

Ce retour sur le passé éclaire les débats actuels sur la « gouvernance économique », qui sont aux antipodes des conceptions ayant été à la base de la démocratie économique.

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