Émotion et raison politique. Bart De Wever et la photo d’Aylan

Le 5 septembre 2015, le président de la Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA), Bart De Wever, fait la une du journal Het Laatste Nieuws en évoquant ses doutes sur la photo du petit Aylan, retrouvé mort sur une plage de Turquie. S’il affirme avoir ressenti des frissons en voyant le cliché, le bourgmestre d’Anvers dit vouloir tenter « de rester rationnel parce que cette histoire devient un moyen de pression émotionnel pour plaider en faveur d’une politique européenne d’ouverture des frontières ». Et il ajoute : « Je ne cède pas au sentiment de culpabilité parce que je trouve que ce n’est pas une bonne idée. » Critiquant l’idée de libre-circulation à l’intérieur de l’espace Schengen, ces propos ont été largement commentés. Ils peuvent bien sûr être approuvés ou critiqués pour leur contenu. C’est toutefois la conception du débat public qui les sous-tend qui apparaît surtout remarquable. Ce plaidoyer en faveur de l’argumentation rationnelle et du bon sens politique pose une question importante : quel rôle la raison et l’émotion peuvent ou doivent-elles jouer dans la délibération publique ? Comment distinguer ces deux registres ?

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