L’imam et le gendarme

« Un curé vaut bien dix gendarmes », aurait dit Napoléon Ier, fournissant ainsi une justification à sa politique de réconciliation avec l’Église catholique après les tourments de la Révolution française. Ce retour du gallicanisme répondait alors à un objectif de maintien de la paix sociale et de développement du soutien au régime impérial. La politique du gouvernement belge à l’égard de l’organe représentatif du culte islamique, l’Exécutif des Musulmans de Belgique, est marquée depuis quelques années par une forme de néo-gallicanisme : flirtant quelquefois avec l’infraction au principe de séparation de l’Église et de l’État, les autorités s’efforcent de faire émerger un « islam belge » ou un « islam européen », regardé comme une religion plus moderne, plus démocratique, et participant plus activement à la construction d’une société multicultuelle apaisée. Dans un contexte de forte préoccupation en matière de sécurité, la religion est ainsi regardée comme un instrument participant à son maintien et les imams, comme les curés d’autrefois, comme de possibles adjoints aux policiers. Ces derniers mois, les relations entre le ministre de la Justice, en charge des cultes, Vincent Van Quickenborne (Open VLD), et l’Exécutif des Musulmans de Belgique se sont radicalement détériorées, marquant peut-être l’échec définitif de cette politique.

 


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