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Histoire du Parti communiste de Belgique

Courrier hebdomadaire n° 1582,
par J. Gotovitch, 36 p., 1997

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Référence : CH1582


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Parce que, selon leur doctrine, la libération du prolétariat ne pouvait qu'être internationale, les partis se réclamant du socialisme se constituèrent d'emblée en organisations d'ambition mondiale. L'Association internationale des travailleurs - AlT fondée à Londres en 1864, dont Marx rédigea le programme, donna ainsi la première au terme Internationale la charge symbolique, exaltante ou terrorisante selon les camps, qui lui resta attachée. Morte de la crise qui suivit la défaite de la Commune de Paris, elle fut qualifiée de première quand se créa à Paris en 1889, la Deuxième Internationale, agissant en fait comme organe de coordination des partis sociaux démocrates nationaux qui avaient pris solidement racine dans l'Europe de la révolution industrielle, C'est l'incapacité de cette Internationale d'empêcher la guerre et l'engagement des partis qui la composaient au service des gouvernements d'union sacrée qui en sonna le glas et laissa le champ libre aux partis et fractions de partis demeurés fidèles à leur programme révolutionnaire. Accusant la Deuxième Internationale de faillite, les Bolcheviks au pouvoir après 1917 en appelèrent avec espoir à la révolution mondiale. En mars 1919, ils créaient ce qui devait en constituer l'instrument : la Troisième Internationale ou Internationale communiste - IC désignée très souvent sous son acronyme russe, Comintern. Voulant briser à tout jamais avec le réformisme et les compromissions attribuées à la social-démocratie, ne voulant rassembler que des soldats et des détachements de la révolution mondiale qu'il pensait en cours, le IIe congrès de l'IC adopta en 1920 vingt et une conditions pour être admis en son sein. Ces conditions façonnaient un instrument de subversion et de conquête du pouvoir, par la lutte de classe, politique ou au besoin armée, faisant de chaque parti national admis un attachement de l'armée mondiale du prolétariat, régentée par une stricte discipline, à la fois nationale et internationale. Si les premières années connurent débats et divergences, la mort de Lénine ouvrit le cycle de la glaciation d'un appareil international qui s'identifia bien aux intérêts d'Etat soviétiques, y compris quand l'IC s'identifia aux grands combats populaires de l'antifascisme et de la résistance. Sa disparition officielle en 1943 pour les besoins de l'alliance de guerre fut relayée par la théorie du soutien inconditionnel à l'URSS qui persista avec des aléas jusqu'aux années soixante. Pratiquant, souvent avec succès, la tactique de l'occupation totale de l'espace social et culturel, le Comintern développa des structures internationales qui chapeautaient autant de sections nationales sur des terrains particuliers. Ainsi, dès 1921, le Secours ouvrier international - SOI assuma la défense des victimes de la guerre de classes, tandis que naissait l'année suivante le Secours rouge international - SRI, Croix rouge du prolétariat combattant, qui organisait la solidarité internationale en mobilisant de nombreux non-communistes. Autre organisation de masse servant de courroie de transmission, le Comité mondial contre la guerre et le fascisme (appelé aussi Mouvement Amsterdam Pleyel) utilisa le rayonnement de ses deux porte-parole, Henri Barbusse et Romain Rolland. Ces mouvements regroupaient souvent des forces qui dépassaient de loin les effectifs communistes. En matière syndicale, l'Internationale syndicale rouge - ISR ou Profintern mène la bataille contre les syndicats conformistes soit par des fractions en leur sein, soit par la création de syndicats concurrents. Enfin, l'Internationale communiste des jeunes - ICJ ou KIM organise sur le plan mondial les organisations nationales de jeunesse. Ceci trace le cadre dans lequel sont nés et se sont développés les partis communistes, en particulier ouest-européens. Leur histoire épouse évidemment celle de l'IC, mais chacun d'eux s'est construit sur une base sociétale spécifique, façonnant dans un concert général, une partition particulière qui leur fit connaître succès ou échec selon qu'ils aient pu ou non se couler et agir dans des réalités spécifiques, selon qu'ils aient pu assumer ou non une fonction particulière au sein des formations sociales nationales. Sections française (SFIC) ou belge (SBIC) de l'IC, comme le rappelait leur désignation officielle jusqu'en 1943, leur parcours de parti minoritaire dans des régimes parlementaires, peu ou jamais au pouvoir, les a différenciées de la pratique étatique soviétique. En un mot, l'historien et le politologue s'interdisent de comprendre ce qu'a pu signifier le communisme en Europe occidentale entre 1920 et 1989 - et il y a occupé une place significative - s'ils s'en tiennent aux seules références à Staline et au goulag. A plus forte raison en Belgique, si le PCB a signifié quelque chose à quelque moment de l'histoire, on verra que ses succès passagers comme son échec fondamental relèvent des spécificités de la société belge et en particulier de celles de son mouvement ouvrier. L'étude du communisme doit donc prendre en compte aussi bien la stratégie du communisme mondial que les communistes eux-mêmes campés dans leur terreau culturel et social en résonance directe aux mondes qu'ils affrontent. Deux circonstances facilitent aujourd'hui cette approche adulte de l'histoire communiste, loin de la médiatisation commerciale et inquisitoriale. Depuis plusieurs années, des équipes universitaires occidentales travaillant en réseau ont défini des problématiques qui permettent la double approche décrite plus haut. D'autre part, initiée par Gorbatchev, l'ouverture des archives du Comintern et, plus problématique, celles du Parti soviétique, ont à la fois restitué les documents systématiquement envoyés à la maison-mère et disparus de nos archives, et permis d'accéder aux délibérations des instances multiples de l'IC les concernant (1). La conjonction des bonnes questions à poser aux documents et l'accès enfin possible à ceux-ci tracent la perspective d'une approche scientifique du sujet (2). Soulignons cependant que les archives de Moscou ne bouleversent en rien les hypothèses globales élaborées avant leur ouverture. Mais ce qui n'était que supposition ou approximations est devenu certitude et peut être affiné et nuancé. Ce qui n'était que récit, très souvent idéologisé, acquiert la profondeur de l'histoire. Elles permettent de tenter une première synthèse globale. (1) Ces documents émanent pour l'essentiel des archives de l'Internationale communiste transmises sous forme de copie en 1989 au Centre d'archives du PCB (aujourd'hui CARCOB), Ils ont été complétés par des missions de recherche de l'auteur au Centre russe de conservation des documents contemporains à Moscou (ex-Institut du marxisme-léninisme). (2) Pour une approche scientifique de ces nouveaux gisements d'archives, on consultera avec profit : Centre and Periphery, The history of the Comintern in the light of new documents (M. Narinski and J. Rojahn, Eds) Amsterdam, IISG, 1996; Une histoire en révolution? Du bon usage des archives, de Moscou et d'ailleurs (S. Wolikow Eds) Editions Universitaires de Dijon, Dijon, 1996.

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