Le chômeur suspect. Histoire d’une stigmatisation

Dans une société qui conçoit le travail comme un devoir moral engageant la responsabilité individuelle de chacun, l’absence ou le manque de travail rend suspect. Souvent associé à l’oisiveté, « mère de tous les vices », le chômage est à la fois un risque social, contre lequel ont été mises en place des protections collectives, et une réalité vécue de manière personnelle.

Parfois vu comme une victime, le chômeur est aussi souvent soupçonné d’être responsable de sa situation, par manque de formation, par absence de motivation, voire par goût de la paresse. En période de plein-emploi, les sans-emploi sont accusés de vouloir vivre au crochet de la société. En temps de crise, les chômeurs sont perçus comme une menace pour l’ordre social et la démocratie, ainsi que pour les finances publiques et les dispositifs de protection sociale.

Hubert Dewez a été l’un des fondateurs du CARHOP et du CRISP. Syndicaliste et grand historien du mouvement ouvrier belge, il a publié de nombreux et importants ouvrages sous le pseudonyme Jean Neuville. Le second volume de son histoire de la condition ouvrière au 19e siècle est intitulé L’ouvrier suspect. Près de quarante ans après cet ouvrage majeur, Le chômeur suspect se veut à la fois un hommage à J. Neuville et un complément à son œuvre.

En examinant les discours, les représentations, les préjugés et les stéréotypes développés à l’encontre des chômeurs, particulièrement depuis le 19e siècle, ce livre met en avant les différents types de stigmatisation dont les chômeurs sont l’objet depuis plus de deux siècles. Il souligne aussi que cette focalisation sur des boucs émissaires dissimule des enjeux politiques, économiques et sociaux de première importance.

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